mercredi, septembre 03, 2014
Pizza Basilic/Mozza ou Aubergine/Coppa
Je me retirai, malade de faim et brûlant de honte. Non, il fallait en finir ! J'en étais vraiment arrivé trop loin. Je m'étais maintenu durant tant d'années, je m'étais tenu droit durant tant d'heures cruelles, et voilà que tout à coup j'étais tombé à la mendicité brutale. Cette seule journée avait dégradé toute ma pensée, avait éclaboussé mon âme d'impudence. je n'avais pas eu honte, pour me rendre intéressant, de pleurer devant les moindres boutiquiers. Et à quoi cela m'avait-il servi ? Ne restais-je pas comme devant, sans une bouchée de pain à me mettre sous la dent ? Tout ce que j'avais obtenu c'était de me dégoûter moi-même; Oui, oui, maintenant il fallait en finir ! dans un instant on allait fermer la porte de ma maison et il fallait me dépêcher si je ne voulais pas coucher au dépôt cette nuit encore....
(....)
Ainsi donc il ne restait plus rien à tenter, j'avais fait tout ce que je pouvais. Que dans toute une journée je n'aie pas réussi une fois ! pensais-je, je pourrais raconter cela à n'importe qui, personne ne voudrait le croire, et si je l'écrivais, on dirait que j'ai inventé. Pas dans un seul endroit ! Bah ! il n'y avait rien à y faire ; avant tout, ne plus essayer de faire pitié ! Fi ! c'est dégoûtant, je t'assure que cela me dégoûte de toi ! Si tout était perdu, eh bien, il était perdu. Au reste, ne pourrais-je pas voler une poignée d'avoine dans l'écurie ? Un trait de lumière, un rayon.... je savais que l'écurie fermait à clef.
(La) Faim, Knut Hamsum
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