dimanche, décembre 01, 2013

Le Chocolat Bonnat



Parce qu'il n'y a tout de même pas que Pralus dans la vie d'un amateur de chocolat, je me devais de goûter les tablettes de chez Bonnat. Etablie à Voiron, voilà près de 30 ans que cette maison propose une sélection fine de chocolats "pure origine". Elle a adopté depuis longtemps une approche locale du bout du monde. au plus près de ses fournisseurs, les producteurs de cacao.

Il y a quelques années, les artisans chocolatiers fabriquant eux-même leurs couvertures, directement à partir des fèves, se comptaient sur les doigts de la main : Bonnat, Pralus, Cluizel, Marcolini (quoique celui-ci soit belge). Aujourd'hui la tendance à la fabrication revient en force ! Alain Ducasse a récemment ouvert en grande pompe sa manufacture près de Bastille ; même Jean-Paul Hévin s'y met dans sa chocolaterie de Colombes. D'où vient ce soudain engouement ? Recherche d'une qualité d'exception, problème d'approvisionnement auprès des couverturiers, volonté de développer un mode de production plus équitable, ou simple coup de pub ? L'avenir nous le dira peut-être.

Mais revenons à nos moutons. Le chocolat Bonnat se présente sous la forme de petits carrés, qui cassent net sous la dent et fondent lentement en bouche. La texture semble moins grasse que celle du chocolat Pralus. Le goût est pur, celui d'un chocolat fin. Tablettes approuvées !

En enfermant Albertine j'avais du même coup rendu à l'univers toutes ces ailes chatoyantes qui bruissent dans les promenades, dans les bals, dans les théâtres, et qui redevenaient tentatrices pour moi parce qu'elle ne pouvait plus succomber à leur tentation. Elles faisaient la beauté du monde. Elles avaient fait jadis celle d'Albertine. C'est parce que je l'avais vue comme un oiseau mystérieux, puis comme une grande actrice de la plage, désirée, obtenue peut-être, que je l'avais trouvée merveilleuse. Une fois captif chez moi, l'oiseau que j'avais vu un soir marcher à pas comptés sur la digue, entouré de la congrégation des autres jeunes filles pareilles à des mouettes venues on ne sait d'où, Albertine avait perdu toutes ses couleurs, avec toutes les chances qu'avaient les autres de l'avoir à eux. Elle avait peu à peu perdu sa beauté. Il fallait des promenades comme celles-là, où je l'imaginais sans moi accostée par telle femme ou tel jeune homme, pour que je la revisse dans la splendeur de la plage, bien que ma jalousie fût sur un autre plan que le déclin des plaisirs de mon imagination.

Marcel Proust, La prisonnière.

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