vendredi, juillet 01, 2005

Recycler des bananes condamnées


3 bananes archi-mûres, la peau noire et le toucher mou... personne pour les manger. C'est ainsi que je vous expose mon fondant à la banane.

1° temps
Blanchir au fouet 2 oeufs entiers avec 100g de cassonade. Incorporer 100 mL de crème fraîche liquide et 1 bouchon de rhum. Ajouter enfin 125g de farine et bien homogénéiser le tout.
Garnir un moule à manquer beurré de la préparation.

2° temps
Découper les trois bananes (en prédécomposition) en rondelles épaisses. Disposer les rondelles sur la préparation précédente.

3° temps
Blanchir au fouet encore 2 oeufs avec 2 sachets de sucre vanillé (Bourbon hein). Incorporer 100g de noix de coco râpée. Verser enfin 60g de beurre fondu et mélanger. Recouvrir les rondelles de bananes de cette seconde préparation. Lisser avec le dos d'une cuillère.

Enfourner 35 minutes à 150°C (le four ne doit pas être trop chaud, ni le moule à manquer trop grand d'ailleurs pour garder une épaisseur respectable).

C'est vrai que j'ai aussi coulé un peu de chocolat fondu par dessus, juste comme ça.

Oubliant aussitôt le spectacle de la rue, Zazie s'approcha de la bouche, la sienne sèche d'émotion. Contournant à petits pas une balustrade protectrice, elle découvrit enfin l'entrée. Mais la grille était tirée. Une ardoise pendante portait à la craie une inscription que Zazie déchiffra sans peine. La grève continuait. Une odeur de poussière ferrugineuse et déshydratée montait doucement de l'abîme interdit. Navrée, Zazie se mit à pleurer.
Elle y prit un si vif plaisir qu'elle alla s'asseoir sur un banc pour y larmoyer avec plus de confort. Au bout de peu de temps d'ailleurs, elle fut distraite de sa douleur par la perception d'une présence voisine. Elle attendit avez curiosité ce qui allait se produire.
Il se produisit des mots, émis par une voix masculine prenant son fausset, ces mots formant la phrase interrogative que voici :
"Alors, mon enfant, on a un gros chagrin ?"
Devant la stupide hypocrisie de cette question, Zazie doubla le volume de ses larmes. Tant de sanglots semblaient se presser dans sa poitrine qu'elle paraissait ne pas avoir le temps de les étrangler tous.
"C'est si grave que ça ? demanda-t-on.
– Oh ! voui, msieu."
Décidément, il était temps de voir la gueule qu'avait le satyre. Passant sur son visage une main qui transforma les torrents de pleurs en rus bourbeux, Zazie se tourna vers le type. Elle n'en put croire ses yeux. Il était affublé de grosses bacchantes noires, d'un melon, d'un pébroque et de larges tatanes. C'est pas possib, se disait Zazie avec sa petite voix intérieure, c'est pas possib, c'est un acteur en vadrouille, un de l'ancien temps. Elle en oubliait de rire.
Raymond Queneau, Zazie dans le métro (1959).

3 commentaires:

Estelle Tracy a dit…

Les bananes noires, je les recycle en muffins, miam.

amandine a dit…

De la part d'une vielle copine de lycée: très très bon! Contente d'avoir eu connaissance de ton blog.

Dodie a dit…

Je suis très heureuse d'avoir un petit commentaire de toi Amandine, et ravie de voir que ma recette te plaît! J'espère que tu kiffes la vie :)